La semaine dernière, j’ai suivi de loin, la vie d’une copine – vous savez, une de mes copines virtuelles que je ne connais pas vraiment, mais que j’ai l’impression de connaître parce que je suis ses aventures? Elle s’appelle Sophie et vit sur un voilier avec sa famille.  Cette semaine là, ils se sont retrouvés bien malgré eux dans la possible trajectoire de Matthew.  Vous comprendrez que le stress était au plus haut niveau.

Alors qu’ils vivaient assurément un des moments les plus stressants de leur vie, ils ont reçu des commentaires du genre:

 » C’est quand même vous qui êtes allés là bas. »   » C’est votre choix de vivre sur un bateau alors il faut en assumer les conséquences. »…

Sophie n’a pas partagé littéralement les commentaires qu’elle a reçu, mais je ne crois pas me tromper en assumant qu’ils ressemblaient à ça.  Et cela m’a interpellée.

Quand nous vivons comme ça, avec une vie que plusieurs envient sans oser le faire, c’est comme si nous avions toujours un poids au dessus de nos têtes, comme si tout le monde, ok, pas tout le monde, mais beaucoup de monde, attendait qu’on se plante, que quelque chose nous arrive pour enfin pouvoir dire:

« Ah! Je le savais que c’était une mauvaise idée, c’est pour cela que moi je ne l’ai pas fait. »

C’est la nature humaine de rationaliser pour  se donner raison, pour justifier ses choix.

Ainsi, pour les familles qui vivent « hors normes » , si un enfant tombe malade, si on a un accident, si on se fait attaquer ou si on se retrouve sur le chemin d’un ouragan, c’est toujours pire et toujours comme si nous l’avons bien cherché.  En partant, on est comme coupable fois 1000!

Cette petitesse d’esprit me mets hors de moi.  Croyez-vous vraiment que quelqu’un qui n’est pas suicidaire ou kamikaze va se mettre volontairement dans le cœur d’un ouragan? Franchement.

Je ne comprends pas cette façon de penser.

Pensez-vous qu’il vaut mieux ne pas voyager, mettre ses rêves de côté pour être certain que ces situations ne nous arrivent jamais?

Comme le dit si bien mon célèbre oncle- pilote- héros – aventurier: « La tragédie n’est pas de mourir, mais plutôt de ne pas vivre pleinement. »

Notre cas

J’ai ressentie, je pense, toute l’intensité de ce que vivait Sophie car cela m’a rappelé quand nous avons vécu le gros tremblement de terre de 2012 au Costa Rica.  Je vous rappelle que c’était un 7,6 et qu’il y a eu plus de 2000 répliques.  Contrairement aux ouragans, les tremblements de terre ne sont pas annoncés d’avance alors c’est toujours une surprise.  Le stress vécu à attendre de voir la trajectoire de l’ouragan, je pense ressemble à l’attente que nous avons vécu après le tremblement de terre alors que nos fenêtres s’agitaient régulièrement, que nous étions sans électricité et sans savoir si le pire était passé ou à venir.

Le lendemain, je voulais partir tout de suite.  L’impuissance face à ces phénomènes naturels est tétanisante…  tu veux courir retrouver ta mère!  Puis, les jours passaient, la vie reprenait son cours, l’électricité est revenu, les enfants ont repris l’école,…   Il faut dire que malgré l’intensité du tremblement de terre, les dégâts ont été uniquement matériel (le Costa Rica a des normes de construction en fonction de cette réalité), un seul décès dans tous le pays alors cela ne ce compare certainement pas aux catastrophes qui ravagent un pays et le mettre K.O..   Par contre, quand tu le vis, tu ne sais pas que tout ira bien…

Tout cela pour dire que cela fait partie des événements qui nous ont amené, mon chum et moi, à affirmer que JAMAIS nous prendrions nos décisions en fonction de la peur. De nos jours, la « peur » est facile, elle est partout alors où tu restes chez vous ou tu fonces.  Cela ne veux pas dire que nous vivons sans peur et sans balises.( Je n’aurais pas le même discours si Sophie était partie en vacances à Alep avec ses enfants…! )

Ma conclusion est qu’il faut que ton rêve soit plus grand que ta peur et que personne ne devrait se permettre de critiquer quelqu’un qui ose vivre le sien surtout pas quand il vit des moments difficiles.

Et Sophie? 

Sophie et sa famille vont bien ainsi que leur voilier! Vous pouvez les suivre vous aussi SV Mangata et\ou voir l’article de La Presse, mais je vous interdis de leur faire des commentaires plates!;)

bateau

 

 

 

 

14 Comments

  • Sophie dit :

    Merci, J’en pleure de te lire. Je suis sans mot.

  • Bien dit!!!
    Ne pas nourrir les peurs!

  • Jean-Pierre Pineault et Cécile Wedge dit :

    Bonjour, merci pour ce récit d’aventuriers qui manquent tellement aux bien pensants enfermés dans leur quotidien qui les empêchent de faire comme vous parce qu’ils ont choisi de s’endetter pour bien paraître….Il n’arrive jamais rien à ceux qui ne font rien.

    Continuez à nous surprendre.

    Cécile et Jean-Pierre

  • Robert Chalifoux dit :

    On n’a qu’une vie à vivre et c’est la nôtre. Laissons les autres penser ce qu’ils veulent. Ils parlent ainsi car probablement la vie n’est pas à la hauteur de leurs attentes. J’ai déjà eu à choisir une autre vie et prendre le train, ça fait 30 ans et je ne l’ai jamais regretté.

    Robett Chalifoux
    Orford

  • marcelo gonzalez dit :

    Hola buenas tardes, yo lo he hecho al reves de ustedes, soy chileno y vivo en quebec hace 10 anos, todo bien oor ahora ,me gustaria saber como poder enviarte un email de manera privada, ara compartir experiencias de vida, suerte y exito

  • fxzelma dit :

    Je commente très tardivement parce que je découvre cet article via Sophie. Ce que tu écris est très juste et m’a beaucoup touché. Je ai vécu cette désapprobation de l’entourage plus ou moins direct lorsque nous avons fait le choix d’avoir une famille nombreuse. Ensuite pas de raison de se plaindre « vous l’avez choisi » (arg !). Le pire c’est que nous n’avons du coup pas osé demander de l’aide. Et pourtant nous en avions cruellement besoin.
    Alors maintenant que nous avons largué les amarres sur Zelma nous craignons les réactions à n’importe accident de la vie que nous aurons.
    Les gens sont cruels quand ils se démènent pour se justifier, suivant tes mots très justes, « C’est la nature humaine de rationaliser pour se donner raison, pour justifier ses choix. »

    • Julie dit :

      Bonsoir, Je vous comprends telllllement! C’est un des aspects qui m,a le plus charmé en Amérique Latine; les enfants sont toujours bienvenus partout et ce qu’ils soient 2 ou 4 ou 6!!! Alors l,aide vient plus facilement et finalement, ce n’est pas de « l’aide » c’est de l’entraide naturelle! Bonne chance avec Zelma; vous avez une page? Au plaisir! 🙂

      • fxzelma dit :

        Oui nous avons un blog : http://www.zelma.fr et un facebook associé. Au plaisir de t’y croiser.
        Effectivement aux Antilles les gens sont plus enclins à trouver que les enfants sont des êtres chouettes et leur permettent plein de choses parce que « ce sont des enfants » et non pas des boulets ou des mini-adultes qu’il faut dompter…

Laissez-nous un commentaire!!!

%d blogueurs aiment cette page :